Sœur Madeleine Fetter donne ce témoignage de sa vie de Sœur de la Divine Providence lors d’une portes ouvertes à la Maison Mère, St. Jean de Bassel.

Mon appel à la vie religieuse remonte à mon plus jeune âge au dire de maman  qui, je sais, a beaucoup prié. Mes parents, cultivateurs, m’ont laissé un témoignage de travail et d’esprit de famille. Je reste attachée à ce lien rural.

A 12 ans, je suis partie au Collège de St Jean de Bassel où j’y ai fait mes études et le temps de formation pour devenir « religieuse » et sœur enseignante. Pourquoi j’ai choisi les Sœurs de St Jean de Bassel ? Dans mon village, nous avions 2 Sœurs institutrices et 1 Sœur infirmière  -elles m’ont beaucoup marquée. Elles m’ont toujours accueillie dans leur communauté lors des vacances, durant les études déjà et par la suite.

Par le choix de cette vie religieuse dans la Congrégation des Sœurs de la Divine Providence, je vis ma vie consacrée selon le charisme de la Providence que notre fondateur Jean Martin nous a laissé, c’est-à-dire dans un esprit de pauvreté, de simplicité, d’abandon à Dieu Providence et animée par la charité apostolique. Envoyée dans différents lieux de mission, en communauté avec d’autres Sœurs, je cherche encore et toujours à faire découvrir le projet d’amour que Dieu a pour toutes les personnes et d’y croire.

Je ne puis oublier l’aspect international que je vis dans la Congrégation. Mon séjour à Rome en 1980/81, puis un mois passé chez nos Sœurs des USA en 1989 restent des expériences riches  et inoubliables.

Durant les années de ma vie d’enseignante, j’ai essayé de réaliser cette mission d’éducation selon l’esprit de Jean-Martin Moyë qui fut en son temps attentif aux misères des gens, surtout des fillettes des campagnes. L’attention aux plus pauvres, aux moins doués me tenait à cœur. Je n’oublie pas non plus les parents, les collègues avec lesquels j’ai tissé des liens dans les villages où j’étais envoyée par mes supérieures.

Le  « travail en pastorale »  m’a permis de rejoindre autrement les enfants, les jeunes par la préparation aux sacrements, les mamans catéchistes que j’ai toujours encouragées à se former pour qu’elles prennent leur place dans l’Eglise. Mes engagements dans des chorales, équipes liturgiques, les temps de formation, le travail en équipe ont contribué à élargir mon cœur, non seulement à l’Eglise locale, mais à l’Eglise universelle.

A la retraite professionnelle depuis quelques années, je consacre davantage de temps à la prière, à la lecture spirituelle, à celle des infos et aux rencontres gratuites dans le quotidien.

Depuis 3 ans, je vis à Sarrebourg – J’habite dans une Résidence-(Foyer de personnes âgées) où bien des heures passent en écoute, en soutien moral et spirituel, en rendant de petits services à la demande de résidents. Bien des mamies me demandent des images ou textes de prières et confient à ma prière leurs soucis de famille, de santé.

Quelques engagements en paroisse me permettent de nombreux partages avec les laïcs, en groupes de liturgie, de lecture de la Parole de Dieu, par exemple.

Un autre aspect de mon attention est celui des contacts avec des familles en demande d’asile. Chaque lundi, je donne bénévolement 2 heures de français  au Centre Socio –Culturel de la ville. J’y rencontre des dames d’âges, d’origines et de cultures différents = toute une ouverture. Il m’arrive aussi de visiter la famille, de jouer simplement avec les enfants, d’aider aux devoirs, de chercher des solutions pour les nombreux papiers à remplir avant ou après l’obtention du titre de séjour. Cela me permet de m’enrichir à leur contact et de ne pas vieillir trop vite.

Que dire de 50 années de vie consacrée déjà, dans cette « famille » des Sœurs de la Providence ? Le Seigneur était là ; Il est toujours là. Des Sœurs, des amis sont là et ensemble, nous continuons le chemin. Je suis sûre que Dieu Père et Providence ne me fera jamais défaut.       Sœur Madeleine Fetter

 

Je rends grâce à Dieu!

Missionnaire en Equateur pendant 31 ans, Sœur Inès Wenner est pleine de reconnaissance. Voici son témoignage donne à l’occasion de son jubilé de 60 ans de vie de Sœur de la Divine Providence.

Je vais partager avec vous des faits qui sont pour moi motifs d’action de grâces.

Je suis née un dimanche de Pâques et maman me répétait souvent « Bishn e Glekskind » ce qui veut dire «  Tu es une enfant née pour le bonheur. ” Je peux dire sincèrement que malgré la guerre, l’Exode et les difficultés inhérentes à la vie, j’ai toujours été heureuse.

Lorsque j´avais 15 ans, la maîtresse de 3ème a proposé á toute la classe une retraite durant les vacances de Noël. Le prêtre nous présentait les trois états de vie : le mariage, le célibat et la vie religieuse. Mon cœur battait très fort et je sentais bien que pour moi ce sera la vie religieuse. J´en ai gardé le secret jusqu´ au jour où j´ai découvert qu´une autre de ma classe avait ce même désir. Nous en avons parlé. Elle m´a convaincue que je devais parler à mes parents ce que j´ai fait le soir même. Papa m´a dit Si tu réussis ton brevet tu pourras y aller. Maman a pleuré. Pour moi la partie était gagnée. Je vais réussir mon brevet et je pourrai partir. Le 20 septembre 1951  je suis entrée comme aspirante au couvent de St Jean de Bassel. J’avais 15 ans et demi et la joie habitait mon cœur.

J´ai suivi la filière obligatoire : aspirante, postulante, novice et professe, et j´ai commencé la carrière d´institutrice dans le primaire au pensionnat de Fénétrange. Après 14 ans à Fénétrange j´ai été envoyée á Strasbourg- Neudorf durant 3 ans et ensuite  8 ans à la Maison Mère à St Jean de Bassel. Pour toutes ces années au service des enfants et de l’accueil, je rends grâce à Dieu.

Puis, une lettre de la Supérieure générale nous informa que la Congrégation va ouvrir une Mission en Amérique Latine, en Equateur précisément. Cette lettre disait que l’évêque de Riobamba, acceptait des missionnaires pour travailler avec les Indiens dans des villages situés à 2800 m d’altitude. Que le climat est très varié, les 4 saisons en un jour et les nuits toujours fraîches. Qu’il y avait des pommes de terre, des oignons, des bananes, du café et bien d’autres choses encore ; Je me suis dit «Si j’y vais, je ne mourrai ni de faim ni de chaleur » et je me suis manifestée à mes supérieures qui ont accepté mon choix. En 1982, je fus envoyée avec deux autres sœurs dans le diocèse de Riobamba. C’était une vraie aventure. Je partais le lundi matin pour 8 jours ou davantage avec des missionnaires dans un village qui avait demandé une mission ; nous partions avec le sac à dos qui contenait le stricte minimum et notre sac de couchage. Les voyages se faisaient à pied ou à cheval car on ne pouvait atteindre les villages d’Indiens que par des sentiers. L’accueil était toujours très chaleureux. Une fois sur place, on nous indiquait dans quelle famille nous allions dormir ; puis nous visitions chaque famille et nous les invitions à venir à la réunion du soir. Il n’y avait pas d’électricité et en Equateur la nuit tombe tous les jours de l’année à 6 heures du soir. C’est avec des bougies qu’on s’éclairait.

J’ai découvert la vraie pauvreté, et  la simplicité. Les  maisons des Indiens appelées chozas sont  creusées dans la terre couverts d’un toit de chaume. Pourquoi dans la terre ? Parce que comme ils considèrent la Terre comme leur Mère, la Pacha Mama ils veulent vivre dans le ventre de leur mère. Pour la même raison ils marchent pieds nus, pour être en contact avec leur mère et en recevoir l’énergie. Dans ces chozas, ni table ni chaise, il faut s’asseoir par terre. Au milieu de la pièce il y a le foyer : 3 grosses pierres. Sur ces pierres une grande marmite en  aluminium très fin. Dans la marmite, des assiettes en aluminium, des cuillères et une louche en bois. Rien d’autre dans ces chozas tout est simple et pauvre. Pas de bibelots à épousseter, Je rends grâce à Dieu car les Indiens m’ont appris qu’on peut être très heureux avec bien peu.

Les Indiens sont très religieux c’est-à-dire ils ont le sens du sacré. Ils font toujours une prière de bénédiction sur les aliments, c’est tout naturel chez eux. Ils remercient la Pacha Mama (la Terre Mère) qui leur donne à manger. Ils mangent en silence comme pour apprécier ce qu’ils ont reçu. Cela m’a beaucoup impressionnée au début. Dans leur conversation, ils disent souvent   ” si Dieu le veut, ou comme Dieu voudra “, ils n’ont pas peur des tremblements de terre ni des volcans en irruption. Alors j’ai vu qu’ils étaient davantage abandonnés à la Providence que moi qui suis Soeur de la divine Providence.

Leur sens communautaire est remarquable. Chaque année ils choisissent entre eux le responsable du village. Comme ça tout le monde y passe et sait que ce n’est pas tâche facile. Pour régler les problèmes du village ils convoquent chaque famille à une réunion et chacun donne son avis. Ces réunions peuvent durer des heures, parfois toute la nuit car ils ne lèveront la séance que lorsqu’il y a un accord entre tous. J’ai appris ce qu’est la vraie vie communautaire, j’en rends grâce à Dieu.

J’ai passé 31 ans en Equateur et en 2013  je suis revenue en France pour me faire soigner avec l’intention d’y retourner. Mes problèmes de santé n’ont pas été résolus alors, j’ai décidé de rester en France. Je porte l’Equateur dans mon cœur et dans mes prières quotidiennes. Pendant les années là-bas j’ai vue de belles choses. Les gens m’ont appris bien plus que je ne leur ai apporté. Je remercie Dieu d’avoir vécu cela.